Pardonnez-moi, le Bal des Actrices, Polisse : la quête de vérité de Maïwenn

Si certains réalisateurs peuvent prendre des pincettes dans leurs films, ce n'est certainement pas Maïwenn. La scénariste-réalisatrice-actrice a su montrer à travers ses trois long-métrages que la dissimulation et les artifices ne faisaient pas partie de sa vision d'un film. Sans fard, parfois brutaux mais toujours marquants, Maïwenn poursuit cette quête de vérité dans ses films portant sur un monde aux multiples facettes.

C'est en 2006 que cette envie de faire paraître la vérité, crue, surgit, avec Pardonnez-moi.

SYNOPSIS : Alors qu'elle attend son premier enfant, Violette décide de lui offrir un film sur sa famille. Caméra au poing, elle va faire éclater la vérité et révéler les secrets de famille en affrontant à tour de rôle sa mère, ses soeurs, un journaliste que sa mère a connu vingt ans auparavant, et enfin son père... Aveux, cris, larmes et fous rires... : personne n'en sortira indemne !

Mi-fictif mi-autobiographique, ce premier film fait l'effet d'un coup de poing. Les non-dits et les révélations explosent, les répliques fusent, les émotions surgissent. Le spectateur est pris entre deux feux. En effet, si cette vérité semble cruciale pour l'héroïne, elle nous semble excessive car voyeuriste.

Le fameux "tableau de famille" est déchiré, passé au vitriol, écorné. Mais Maïwenn ne s'arrête pas là. Puisant dans sa propre expérience, elle dénonce une enfance maltraitée, les accusations de mythomanie qui ont longtemps pesé sur elle et une rage de se battre quand même, malgré des débuts difficiles, pour trouver d'où elle vient et pour entendre un "pardon" pour son enfance en lambeaux. Scotchée à sa caméra, elle cherche pas à tout prix un film beau esthétiquement, mais un film criant de vérité, qui dénonce des rapports familiaux parfois (souvent) conflictuels. Obnubilée par la quête du vrai, du réel, Maïwenn ne s'embarrasse pas d'une enveloppe pour nous livrer ses états d'âme et sa pensée.

Elle continue ensuite avec Le Bal des Actrices, qui sort en 2009. Ici, c'est un tout autre registre, plus ironique, plus drôle.

SYNOPSIS : Une réalisatrice veut faire un documentaire sur les actrices, toutes les actrices : les populaires, les inconnues, les intellos, les comiques, les oubliées... Filmant tout, tout, tout, avec ou sans leur accord, la réalisatrice va se prendre au jeu et se laisser dévorer par ces femmes aussi fragiles que manipulatrices...

Le mélange fiction-réalité est conservé. En effet, les personnages du film apparaissent à l'écran comme des humaines banales, névrosées, survoltées, pensives, perdues... Réelles. Réalistes.

Cependant, le film est une comédie, drôle, ironique, grinçante et irrésistiblement menée par une troupe d'actrices bien connues mais prête à rire d'elles-mêmes. Car c'est l'auto-dérision et la distance qu'elles prennent avec leur métier qui permet au film de fonctionner. Une forme de vérité, de satire s'échappe du film : entre les actrices dépressives, celles qui galèrent entre deux auditions, les actrices hautaines, les actrices prétentieuses, on pourrait reconnaître des célébrités de la vraie vie.

Le faux documentaire prend des aspects plutôt réalistes.

Mais c'est en 2011 que Maïwenn explose avec Polisse, un drame réaliste portant sur la vie quotidienne des membre de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs).

SYNOPSIS : Les policiers de la BPM de Paris luttent contre les innombrabres vissicitudes subies par les enfants, traquent les pédophiles, appréhensions de parents soupçonnés de maltraitance avec témoignages d'enfants à l'appui, suivi d'adolescents pickpocket. Ces policiers tentent d'accorder leur dur labeur quotidien avec leur vie privée. Une jeune photographe est envoyée faire un reportage photo dans l'unité chargée des affaires de moeurs.

Le film traite de façon très crue la vie de ces policiers, alternant séquences émouvantes et fous rires incontrôlables. C'est un film qui se veut sans fioritures et qui porte un regard objectif sur la police, sans juger qui que ce soit. On retrouve donc cette envie de vérité, ce besoin de montrer la réalité, sans l'enjoliver et sans trahir un quelconque point de vue.

Les acteurs jouent extrêmement bien, surtout JoeyStarr qui se révèle entier, dans ses paroles, ses émotions et ses actes.

Si Maïwenn a pu être encensée ou critiquée, si son style ne plaît pas à tout le monde, si certains voient une forme de narcissisme dans la plupart de ses films et si certains n'apprécient pas sa quête permanente du "vrai", il n'en est pas moins certain qu'aucun de ses films ne vous laissera indifférent.